Asperger et permis de conduire!

Certains doivent avoir des frissons rien qu’à lire le titre, pour beaucoup d’entre nous, le permis de conduire est une torture morale et intellectuelle terriblement vicieuse. Et pour une fois, nous ne sommes pas seuls dans cette galère car beaucoup de NT sont embarqués avec nous avec autant de difficultés **rire satanique**

Certains d’entre vous, j’ai pu le lire, refusent de passer le permis pour des raisons qui leurs sont propres comme le fait qu’ils seraient un danger sur la route. Mon article ne forcera personne mais j’aimerais simplement vous dire, si c’est votre situation, tout n’est pas perdu ! Il faut simplement trouver la bonne méthode, les bonnes personnes et la confiance en vous que vous avez certainement perdue au volant si vous avez déjà tenté d’en tenir un.

Je vous fais aussi part de ma situation avant de vous coacher positivement =D  mon permis a été un réel enfer à cause de mon déficit d’attention, du fait que je m’attardais sur des détails, que je n’arrivais pas à anticiper les informations et que dans mon cerveau tout se mélangeait et que j’analysais trop lentement mon environnement.

Aujourd’hui, je conduis et pas d’accidents encore de déclarés.

Ce qui nous cause le plus problème c’est notre faculté de concentration et surtout celle de nous concentrer sur plusieurs choses différentes en même temps. Par exemple, faire attention aux priorités et en même temps passer une vitesse. Pour nous, les étapes doivent se faire une à une de manière bien découpées et c’est très peu le cas au début ou tout doit s’enchainer très vite.

Cependant, certains aspis s’en sortent très bien et sont même doués, je rappelle que nous sommes tous différents.

 

La théorie

J’ai étudié le code en 15 jours et l’ait réussi du premier coup. C’est mon super pouvoir d’autiste. Attention, j’insiste quand même que j’étais en vacances et j’ai fait ça quasiment 5h par jour (si pas plus). Mais arrivée à l’exam, je connaissais le livre par cœur. J’ai dû passer par l’intensif.

Si je peux vous donner un truc pour étudier ? Evidemment c’est personnel mais on ne sait jamais :

  • Refaire votre propre structure
  • Résumer les idées principales
  • Bien vous attardez sur les pourcentages, dates, statistiques car elles reviennent en questions !
  • S’entrainer au maximum !!!

Le dernier point est à mon sens le plus important car il vous permet à la fois d’apprendre et à vous mettre dans l’esprit du test qui est tordu (il faut parfois donner jusqu’à 3 réponses différentes sur un QCM de quatre réponses, oubliez en une et c’est compté comme faux).

J’avais aussi reçu à prêter les dvd interactifs de mon auto-école et à chaque erreur, je notais ce que j’avais oublié.

J’ai aussi travaillé avec un logiciel qui proposait une batterie de tests :

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Lors du dernier test préparatoire à l’auto-école, j’avais échoué mais on m’avait dit que c’était plus dur qu’en vrai. Arrivée là-bas, j’ai réussi du premier coup.

Je n’ai donc qu’un seul conseil pour vous, organisation et fixation d’objectifs (cette semaine j’étudie tel chapitre et je fais deux tests par jour).

 

La pratique

Voilà, c’est ici que tout commence à aller très mal…

Il faut savoir que j’ai passé mon permis avant de savoir que j’étais peut-être aspie. Et si j’avais su à ce moment-là, ça aurait CHANGÉ beaucoup de choses car j’étais considérée par mon maître de stage comme une grosse débile. Comme je suis belge, j’avais droit à des vannes sur ma nationalité à la moindre erreur. Je me sentais pire qu’une sous-merde !

Les premières heures allaient. Ça a commencé à se corser avec le passage des vitesses et l’ajout des règles de circulation. Mon moniteur était sympa de base mais un gros con sans aucune pédagogie ni psychologie. Il était très dur avec moi et résultat, je n’avançais plus du tout. Je n’arrivais pas à gérer ses sautes d’humeur, mon stress et la route. Je faisais pas mal d’erreurs et j’avais droit à des engueulades en permanence.

Je me rappelle aussi que je retenais visuellement ce qu’il fallait faire, pas forcément en lisant les panneaux, mais selon l’endroit ou le lieu. Ce qui énervait mon moniteur.

La première idée qui nous vient alors à l’esprit est :

  • Je vais essayer de trouver un simulateur de conduite sur Internet (je ne l’ai pas fait car j’en ai pas trouvé gratuitement mais je pense que ça peut donner confiance).
  • J’abandonne la boite de vitesses et je fonce sur l’automatique (facilité que je vous déconseille car aujourd’hui, je n’ai plus de soucis avec ma boite de vitesses, c’est elle qui en a avec moi) Sérieusement, je vous le déconseille pour deux raisons :
    1. Acheter une automatique d’occasion, c’est très très rare.
    2. Surtout, les boites automatiques sont plus fragiles que les boîtes manuelles et c’est aussi pour ça qu’on évite de les acheter en occasion. Ce qui vous force à acheter du neuf :/ Et les aspis ne roulent pas souvent sur l’or
    3. Ca vous oblige a conduire en automatique toute votre vie.

J’avais même plus envie d’aller aux leçons, je démettais en disant que j’étais malade ou qu’un imprévu c’était glissé. Je n’ai pas eu la chance de pouvoir continuer en conduite accompagnée et après les 20h obligatoires, j’ai dû continuer avec le même empaffé 30h de plus.

J’en arrivais même à être joyeuse s’il venait me prendre en retard ou si on finissait plus tôt alors que je payais l’heure complète.

Mais qu’est-ce qui se passait en moi vraiment ? Au volant, je transpirais tellement qu’on pouvait me tordre quand je me levais. Mais surtout ma tête, j’oublierai jamais quand je sortais d’une leçon, j’étais amorphe durant l’heure qui suivait. J’avais l’impression que tout était en court-circuit complet. Je voyais plus clair, parfois j’avais des maux de têtes, j’étais complètement coupée, je rentrais chez moi et reprenait lentement mes esprits avant de retomber dans une dépression latente.

Finalement, j’ai passé le permis. Je l’ai raté pour une faute grave, j’ai dépassé par la droite en m’insérant sur l’autoroute car je faisais plus attention à regarder mon compteur qu’à ce qui se trouvait à côté de moi, bref… il faut ajouter à ça que durant tout mon examen, le moniteur a parlé avec l’examinateur et ils ont eu un fou rire qui a duré 5 minutes. C’était extrêmement compliqué pour moi de me concentrer. Préparez-vous à ça, je ne savais pas qu’ils parlaient durant l’examen.

J’ai décidé de changer d’auto-école, ce qui est très risqué après avoir passé une première fois le permis. Pour moi, tout s’est très bien déroulé, la nouvelle auto-école m’a testée 1h et n’a pas compris pourquoi mon ancienne auto-école était aussi pessimiste. J’ai encore fait 3h avec eux et j’ai passé le permis que j’ai eu.

 

Mes derniers conseils

Voici mon conseil le plus précieux : SI VOUS EN AVEZ LA POSSIBILITE, PASSEZ LE PERMIS EN CONDUITE ACCOMPAGNEE !

Faites les 20h obligatoires et demandez ensuite à un proche de vous coacher même si ça prend du temps car on prend vraiment confiance en soi au volant en roulant le plus possible. Il est évident que lâcher une personne après 40h de conduite est assez dangereux pour tout le monde (aspis et NT confondus) et que vu le prix de l’heure, c’est financièrement un gouffre ! Tous les moniteurs vous le diront. C’est pourtant ce que font les auto-écoles.

Si vos proches ne sont pas d’accord, essayez de les convaincre ou même allez voir dans vos amis car je vous jure ça fait une grosse différence ! Il faut que la personne ait au moins 3 ans le permis pour pouvoir vous accompagner.

  • Ça vous donne confiance en vous d’une manière phénoménale
  • Ca réduit votre assurance voiture par la suite
  • Ca réduit d’un an l’apprentissage et vous récupérez donc vos points en deux ans !

Après, choisissez bien la personne car il ne faut pas non plus qu’elle vous apprenne de mauvaises manières (mais normalement les 20h obligatoires servent à vous montrer comment faire). Ça passe parfois mieux avec un ami, on est plus détendu qu’avec un membre de la famille.

Il existe aussi des auto-écoles pour handicapés bien que rares, renseignez-vous dans votre région.

 

CONCLUSION

J’ai eu le permis et pas par la voie la plus évidente !

Pas mal d’aspis conduisent, plus que ce qu’on peut le croire. Si vous voulez faire un entrainement soft, roulez à vélo en ville (enfin faites très attention quand même, on sait jamais qu’un aspi serait au volant :p).

  • Soyez organisé pour la théorie
  • Pour la pratique, à chaque leçon notez ce que vous avez appris (manœuvres, etc.), entrainez-vous si possible (parking vide, passage de vitesses moteur coupé, …).

 

Faut-il préciser que vous êtes Asperger ? Si vous en avez le cran oui mais comme beaucoup ne savent pas ce que ça veut dire et peuvent prendre peur, dites que vous souffrez de problèmes d’attention. Mais dites-le!!

Ne faites pas non plus confiance au test à passer avant la conduite pour estimer le nombre d’heures qu’il vous faudra. J’étais estimée à 20h. J’ai fait le double.

Aujourd’hui, je ne conduis que parce que je le dois et parce que ça promet de décrocher plus facilement un emploi (disons que c’est un motif de refus facile dans lequel beaucoup d’employeurs se complaisent). Par contre, je conduis nettement mieux qu’après avoir eu mon permis, je sais maintenant gérer tout ce qui se passe autour de moi et surtout anticiper, ma plus grosse difficulté. Bon, ça m’arrive bien parfois de caler ou d’oublier à quelle vitesse je suis mais rien de dramatique.

Enfin n’oubliez pas l’existence de forums, celui-ci m’avait bien aidé.

 

Ne perdez donc pas espoir et (re)lancez-vous !

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